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recherchant (e)meth

à NyKrOGeN, vers lequel je n'en finis pas de tomber.

Celui qui veut continuellement ,,s'élever" doit s'attendre à avoir un jour le vertige. Qu'est-ce que le vertige? La peur de tomber? Mais pourquoi avons-nous le vertige sur un belvédère pourvu d'un solide garde-fou? Le vertige, c'est autre chose que la peur de tomber. C'est la voix du vide au-dessous de nous qui nous attire et nous envoûte, le désir de chute dont nous nous défendons ensuite avec effroi.
-Milan Kundera -L'insoutenable légèreté de l'être-


Le crucifix s'ancrait dans le cément. Je pliais sous la pesanteur de l'horizon solide. Tout était muet, disparu, aspiré, et j'étais comprimée dans une geôle, entre ciel et pierre, à la façon d'un mur jetté au cours de la lumière. Le rayon transperçait la cage de ma poitrine, où tout s'etait arrêté, se maintenait dans un état latent.
Les valves de mon coeur pulsaient au-delà des flots de mazout, qui s'ordonnaient sagement sur le sol, le long des murs, gouttaient lentement pour se dissoudre instantanément dans la pierre et susiter de tous ses pores de nouveau, à une allure halucinante, pour remonter mes bras et s'enfuir profondément dans mon ventre...
Ici rien ne peut plus voler. On se retrouve dans une osmose incessante entre le haut et le bas, une interpénétration de forces; on ne peut traverser cet endroit que par le cordon ombilical qui traverse, à son tour, moi-même... Vous qui cherchez l'absolu!... ceci n'est pas la voie... essayez vers le bas...

Il est paralysant de souffrir à perpétuité d'une même frayeur, d'un même malaise, qui terrasse votre être pour de longues heures, vous envoie dans la langueur ou le désespoir...
Je souffrais depuis mon enfance d'un mal de hauteur. Je ne pouvais pas regarder par la fenêtre, je ne pouvais pas escalader les bancs des parcs, ni les arbres chargés de fruits juiteux... J'avais l'impression d'être toujours tenue en laisse, d'avoir les mains attachées au dos et à chaque pas dont j'avançais vers les limites connues, qui m'offraient de la sécurité, je sentais l'air s'arrêter à l'entrée dans mes poumons, j'étouffais et je toussais sauvagement... Je vivais dans une cage enterrée et j'avais besoin de voler, plus haut, encore plus haut, vers le vide...

Un jour je m'étais décidée. Par le pertuis d'un jardin s'était ouvert un tourbillon de jonquilles, que tourmentaient sous les crocs des talons les gens. Le ciel semblait vouloir broyer la terre, s'y attachait obsésivement, adhérait à la poussière compacte. La voûte était obscurement close et l'air se tenait coï. Les murs qui longeaient la rue étaient éclairés bizarrement par le jaune omniprésent, qui lèchait les alentours d'une couleur douceâtre, passive, moelleuse...On se préparait pour un délabrement général, une dissolvation totale, une explosion de sens jaillis à la dérive. La tension augmentait à coups violents. Je trouvais impossible à respirer; la terreur s'obstinait à ressusciter, sans explication, remuait en moi-même comme un animal malade. J'avais peur. J'avais l'impression continue que quelqu'un me suivait, en se cachant sous les tilleuls et derrière les portes, qui retraçait un effroi ancien, qui attendait le moment propice pour me pousser par derrière dans un abîme interminable.
J'avais décidé d'en finir, une fois pour toutes. J'entamai une course affolée sur l'asphalte qui brûlait, suspendu entre deux parterres d'un vert brutal, qui creusait mon iris, tout comme si à côté de la rue sinueuse s'étaient émergés les tréfonds d'une mer verdâtre. La rue continuait à monter, mon regard se troublait au fur et à mesure que l'herbe avançait avec voracité, pour empoigner mes chevilles. Je courrais sans m'arrêter, en vacillant, le cerveau moussant de désespoir, un arrière-goût de sang dans la bouche haletante, mes pieds s'engluaient sur la surface parfaitement plate, qui régorgeait de lumière et de pluie. Le monde s'écroulait en grondant derrière moi.
Je perçais obstinément la torsion des forces qui se déployaient devant moi. Je fluctuais entre être englutie par la terre ou amorcer un chemin vertical. La décision avait été prise. Je monterai...
À quelques pas devant moi, s'érigeait un bâtiment d'un gris flou, aux formes imprécises, mais je l'avais vu alors comme un miracle, comme un pont tendu entre le chaos grouillant de la matière pure et la volupté d'une certitude. Je me jettai sur l'escalier et je gravis rapidement les quatre étages qui m'éloignaient du bouillonnement fascinant.
Je ne repris connaissance que longtemps après. Le ciel s'était éclairé. Il y avait un soleil vif, pareil à un cristal aqueux et à rayons évidents, qui donnaient des réverbérations humides aux cîmes domestiques et rendait frais le vert végétal. J'étais suspendue à un bout solide, quelque part au-dessus de la terre, qui somnolait maintenant paresseuse. C'était un bâtiment en construction, dont les murs manquaient complétement; la plateforme sur laquelle j'étais assise était recouverte d'éclats de verre.

Je ne ressentais pas le moindre frisson, la moindre agitation.
J'étais fertile. J'aurais pu souffler de la vie aux débris de verre, les griser de nuances et les faire gicler vers le haut, comme des papillons ivres. Je pouvais faire recourber les murs de l'espace, les appeler avec un leurre séduisant, les coller l'un à l'autre et défaire sans traces, pièce par pièce, le monde mis en boule... Rien ne pouvait plus me détruire. J'étais ici depuis le début de l'univers, et je continuerai à être ici même après que se soit éteinte la derrière étoile de la derrière galaxie. J'étais indestructible; je n'avais plus besoin de simulacres, d'ulcères des sens, de rejets, de morphine, de substitutions. J'étais complète, achêvée, inouïe, brutalement nouvelle... Je palpais l'air comme s'il avait été le cou d'un amant, je le déshabillais à mouvements lents, dans une éteinte sublimée, envoûtante, qui me donnait envie de vomir tout ce que j'avais ressenti avant, de vider tout mon être de ce qui l'avait rendu sale, lourd, humain... Je voulais dévier mon essence vers le haut extatique, lever mon échine et la greffer à l'extrême baiser qui descendait vers moi pour mieux m'enjoler du vertige des hauteurs.

La pierre devint poudre céleste.
La terreur devint précipice de savoir.

L'homme faillit devenir dieu.

retour vers les debuts Il etait arrive en ville depuis le matin. Le ciel mimetique le
leurrait de desirs imprecis. Il avait envie de s'elever encore plus haut, encore plus loin, pour avoir acces a cet etat d'angoisse, de
gouffre qui attire, cet etat qu'il se rappellait depuis si longtemps... il avait envie de tomber. Il cogna du pied une boite et se
reveilla brusquement. La rue s'enfoncait dans un amas d'ordures. Il allait a la derive et l'odeur de pourri le suivait partout. C'etait
si different de la foret qui l'avait enfante... Derriere les grillages, il soupconnait des presences qui l'epiaient. Il se sentait
completement nu, desarme, sans pensees. Il avancait avec obstination dans la boue gluante qui lui arrivait jusqu'aux mollets. Il
frolait les murs de ses doigts en cherchant les signes. Mais le ciel etait toujours d'un mutisme lacerant. Un paysan l'avait trouve
sur un bord de route, a demi gele, et l'avait fait grandir a cote de ses enfants. Tout comme dans les contes, il decida de partir un
jour, pour savoir d'ou il venait vraiment, quel etait son nom, ce qu'il devrait faire de sa vie. La lumiere l'aveugla lorsqu'il quitta la
protection de la ruelle. Les barbeles lui souriaient ironiquement au loin et les fenetres s'ouvraient comme des yeux geants,
exorbites ,qui lui creusaient le cerveau en sillons saignants. Devant lui, des gens se pressaient en criant pour rentrer dans une
cabine telephonique. Il s'arreta ahuri, le soleil colle a la retine, droit, face a la masse qui s'agitait inutilement. Il ressentait une
sorte de mepris pour eux, mais en meme temps il etait attaque par la panique; il savait que dans ses bras le sang avait cesse son
ecoulement- l'ulcere d'un jeune prolonge rongeait ses entrailles. Respirer lui faisait mal: il tenta de retenir son souffle, mais il se
sentait encore plus affaibli. Enseveli dans le sable blanc de la lumiere, il apprit rapidement a compter les grains des clepsidres.
L'etreinte charnelle du temps le suffoquait, comprimait son monde, l'abrutissait. Il avait un respect sacre, inconscient, troublant
pour cet objet etrange qui venait d'autre part. Il lui rappellait la chute dont il revait le matin. Ou une chute encore plus eloignee,
qui n'avait pas de debut et qui n'arretait pas de finir. Il attendait,l'echine figee dans le froid precoce; sous le rond clair du
reverbere il voyait ses mains comme des bouts d'arbre enduits de petrole noir-vert. Les gens continuaient a se pousser,mais il
ne comprennait pas leur paroles: elles etaient lourdes, encaustiques. La nuit l'enjolait de caresses. Il s'etait rapproche de la
cabine, et d'un geste court poussa sa porte et serpenta a l'interieur. Il leva l'appareil de sa fourche et le mit a l'oreille. Il
n'entendait rien et il fut surpris de ne pas recevoir la reponse tout de suite. Il serra le fil entortille contre sa poitrine et d'une voix
decidee appella: - Vous savez ou je veux arriver? Il plongea tout a coup dans une eau qui lui deferla dans la bouche, qui lui
remplit les oreilles, faisait son coeur retentir fortement. Il ne pouvait pas voir. Il tombait encore plus bas dans un tourbillon
enivrant.Il avait rejoint le temps originaire. Il savait tout, rien ne lui faisait plus peur. les journaux avaient ecrit le lendemain
l'histoire d'un jeune homme qui avait perdu sa vie en telephonant d'une cabine piegee, qui avait explose.

more comming up!
l'universe est pret a se devoiler devant vos yeux...